Peut-on avoir peur de réussir ?
Depuis le début de ma pratique de psy, jamais une personne n’est arrivée dans mon cabinet en me disant qu’elle avait peur de réussir. Jamais.
La peur de réussir est une peur inconsciente en général. Ce qui vient toujours en premier est la peur d’échouer (deux faces de la même médaille).
Il faut déjà déceler les injonctions sous-jacentes et indirectes du type : “Ne réussis pas”, “tu n’es pas légitime”, “tu es incapable” … entendues et incorporées dans le passé par l’entourage ou bien par soi-même en écho à son contexte de vie et bain familial, social et culturel.
Suis-je légitime à réussir ? Ai-je le droit de “briller” ? Si oui, serais-je toujours aimé et accepté ? Aurais-je toujours ma place, une place ?
On frise souvent l’auto-sabotage couplé aux “bénéfices secondaires” présupposés : “Si je suis moyen, je serai toujours accepté et admis dans la norme”.
De ce fait, on reste dans l’ombre qui est familière et confortable.
La “lumière” fait mal aux yeux et parfois à la tête. Encore faut-il être armé pour bien la vivre et la gérer.
Alors, quels conseils donner à ceux qui ont pris conscience de cette peur et qui ont envie de réussir ?
Si, en lisant la question posée, cela vous interroge, c’est sans doute qu’une partie de votre lumière n’a pas encore percé et qu’un désir inconscient de réussir est tapi en vous.
Mettez sur papier les conséquences de la réussite en question :
- Que cela va-t-il impliquer pour moi, ma vie et pour les autres ? Quels seraient les gains ? Les pertes ?
- Que devrais-je changer concrètement dans ma vie actuelle pour accompagner cette réussite ? Qu’est-ce qui sera nécessairement différent ? Irréversible peut-être ? En ai-je envie ou non ? Suis-je prêt(e) pour ça ?
- Serais-je capable d’y faire face, à court terme comme à long terme ? Si oui, comment et grâce à quoi ? Si non, pourquoi ? Si non encore, que me manque-t-il pour y faire face ?
- Qu’est-ce que la réussite me permettrait au bout du compte ? Et derrière ces bénéfices, qu’est-ce que ça m’apporterait d’encore plus important ?
- Cela fait-il sens par rapport à mon projet de vie, mes valeurs, qui je suis ?
- Cela me procure-t-il de la joie en y pensant, même si j’ai peur ?
- Puis-je me faire aider dans mon projet ou accompagner si nécessaire ?
- Quel pire scénario peut se présenter ? Quel meilleur scénario ?…
C’est une question d’équilibre et de cohérence à trouver.
Pour réussir à réussir, il me semble falloir être très au clair avec qui l’on est, ce que l’on veut de soi, avec son projet et ses buts de vie, se débarrasser du regard des autres (jalousie ou envie, pertes d’amis, de collègues, d’environnements habituels potentiels), prendre ses responsabilités et assumer les conséquences, sortir du confort et du connu pour plonger dans le “grand bain” au risque de couler mais aussi et surtout de surnager et de remporter le prix !
Mettez votre maillot de bain d’abord (c’est à dire donnez-vous les moyens), apprenez à nager (mettez vos sécurités et soyez compétent) puis plongez avec trac et peur (tous les grands champions le vivent, c’est normal) et lancez-vous si vous avez pleinement envie de décrocher le prix. Cela marchera ou pas. Vous aurez essayé ou vous aurez réussi.
Tout est bien.
On peut aussi rester au bord.
Tout est ok.
Pour réussir à réussir, accepter d’avoir peur, froid et se mouiller est bien souvent un passage obligé.
Il y a peu de réussites sans sortie de zone de confort.
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